jeudi 21 juin 2012

Une Fête nationale différente cette année ?


La Presse.ca, La Presse Débats, jeudi le 21 juin 2012.
La Fête nationale aura-t-elle une coloration particulière cette année en raison du conflit étudiant ?
Subventionner le saccage 
Il fut une époque où j’avais hâte à la Saint-Jean. Cette année, j’ai hâte au lendemain. La Fête nationale est devenue un événement hautement politisé. Elle s’est transformée, au fil des ans, en événement de propagande pour les souverainistes du Québec. S’inviteront également à la fête cette année : les carrés rouges, les « Occupons … » et sans doute quelques casseurs professionnels. On a même prévu une période d’échauffement par une grande manifestation la veille. Plus que jamais, la table est mise pour un affrontement avec les forces de l’ordre. Déjà qu’à Québec, l’an dernier, l’événement avait donné lieu à un déploiement policier sans précédent : barrages routiers, périmètres de sécurité et fouille des participants. Imaginez cette année! On dira ce qu’on voudra, la Saint-Jean n’est plus la fête de tous les Québécois. Une majorité de citoyens resteront chez eux pour ne pas mettre en péril leur propre sécurité ou celle de leur famille. De nombreux élus les imiteront pour éviter de mettre le feu aux poudres. Bref, le Québec est manifestement une société distincte: on y subventionne même le saccage du bien public.

mercredi 20 juin 2012

Financement des partis: comment contrer «l'argent sale»?

La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi le 20 jun 2012.


Jacques Duchesneau a affirmé devant la commission Charbonneau que 70% des sommes récoltées par les partis provinciaux pour les élections sont de «l’argent sale». «On serait devant une culture éhontée et généralisée de pots-de-vin et de corruption», soutient l’ex-directeur de l’Unité anticollusion. Croyez-vous que le financement illégal a pris une telle ampleur au Québec ? Que devrait-on faire pour remédier à cette situation ?
Libéralisons le financement électoral 
En 1977, le Québec adoptait une loi régissant le financement électoral. On la disait une des plus rigoureuses au monde. Trente-cinq ans plus tard, Jacques Duchesneau  prétend que 70% des sommes récoltées par les partis provinciaux sont de «l’argent sale». Surpris? Pas vraiment! Tout simplement parce que trop souvent ce sont les lois et les impôts abusifs qui font naître les activités illicites. Dans les années 1920, les gouvernements canadiens et américains ont légiféré pour tenter d'éliminer l’alcool de nos vies. Il s'en est suivi ce que plusieurs qualifient d'âge d'or de la corruption et du marché noir. À vouloir restreindre par la force les sources de financement des partis politiques, on ouvre la porte aux organisations illicites et occultes. On attire sur le marché politique des petites mafias qui, grâce à un puissant réseau d'influence, servent la caisse de nos partis. Encore aujourd’hui, le débat sur le financement de nos partis politiques se tient les plans moral et répressif. C'est peut-être là le hic! On néglige l'idée qu'il suffirait de relaxer les contraintes imposées par notre loi électorale pour contrer la corruption.

(Ce billet est le résumé d’un texte paru dans le Journal de Québec et sur Cyberpresse en avril 2010.)

mardi 19 juin 2012

Le pont Maurice-Richard: une bonne idée?


La Presse.ca, La Presse Débats, mardi le 19 juin 2012.
Le ministre Denis Lebel évoque la possibilité que le futur pont Champlain porte le nom de Maurice-Richard. Croyez-vous que ce serait une bonne idée ?
Le Harpont!
Par définition, s’il est un ouvrage collectif capable de rapprocher les citoyens de toute allégeance, c’est bien un pont. Surtout si on lui donne le nom d’une référence historique comme Champlain ou d’une légende sportive comme Maurice Richard. Un nom permettant de contenter à la fois les nationalistes, les fédéralistes, la gauche et la droite sans distinction. Mais voilà, il faudra encore attendre 10 ans avant de franchir ce pont. On prévoit que les travaux devraient débuter en 2016 et se terminer en 2022. Personnellement, j’estime qu’on a amplement le temps de consulter les citoyens pour arrêter un nom définitif. D’autant plus que nous n’en sommes qu’à l’étape de la planification et qu’il y a des choses beaucoup plus urgentes à régler, ne serait-ce que de décider de l’architecture et de l’emplacement exact de ce pont. Pour l’instant, notre seule certitude, c’est qu’il nécessitera des investissements publics de l’ordre 5 milliards $. Des fonds publics qui, nous l’espérons, seront investis judicieusement. En attendant, nous pouvons lui donner un nom temporaire. Un nom qui nous rappellera qu’il s’agit d’un pont de propriété entièrement fédérale : le Harpont! Accrocheur, non?

jeudi 7 juin 2012

Une justice équitable?


La Presse.ca, La Presse Débats, mercredi 6 juin 2012.
Trois ans après avoir tué ses deux enfants, et un an après avoir été reconnu criminellement non responsable de leur mort, Guy Turcotte pourra recouvrer partiellement et graduellement sa liberté au cours des six prochains mois. Les Québécois sont-ils en droit de douter de leur système de justice à la suite de la décision de la Commission d’examen des troubles mentaux ?
Coupable d’irresponsabilité
Guy Turcotte a reconnu avoir tué ses deux enfants. Le tribunal a cependant jugé qu’il n’était pas responsable du meurtre en question. Même si le tueur est connu de tous, il ne sera pas puni parce qu’on a jugé qu’au moment de l’événement, il n’était pas responsable de ses actes. À partir de ce moment, le sort de l’irresponsable a été confié à la Commission d’examen des troubles mentaux, une commission dont le rôle est essentiellement d’évaluer le danger que représente Turcotte pour la société. Or, la Commission vient de décréter qu’il pouvait recouvrer, en partie, sa liberté. Comme beaucoup de Québécois, tout ça me laisse songeur. Deux enfants sont morts, mais personne n’est responsable. Le crime a bien eu lieu, mais ce n’est la faute de personne. Aujourd’hui, beaucoup de Québécois ont le sentiment que notre système de justice, basée sur la responsabilité, s’est départi de sa responsabilité de rendre justice pour la confier à l’appréciation de psychiatres. Des experts qui se contredisent sur la dangerosité d’un tueur irresponsable redevenu suffisamment responsable pour réintégrer la société. Pour les citoyens responsables, Guy Turcotte sera toujours coupable… à tout le moins coupable d'irresponsabilité.

lundi 4 juin 2012

Bonne décision du Grand Prix?


La Presse.ca, La Presse Débats, lundi 4 juin 2012.
Les organisateurs du Grand Prix du Canada ont annulé la journée portes ouvertes en invoquant les menaces de perturbation liées au conflit étudiant. Selon vous, ont-ils raison de rayer cette populaire activité du calendrier pour des motifs de sécurité? Jouent-ils le jeu de la CLASSE en prenant cette décision ?
TOUT À PERDRE 
Les organisateurs du Grand Prix ne jouent pas. Ils ne jouent pas avec la sécurité des visiteurs, comme ils ne jouent pas avec les risques que leur image soit ternie par des manifestations sans aucun rapport avec l'événement. On peut penser que permettre au public d'envahir le circuit posait plusieurs difficultés de maintien de l’ordre. Combien de policiers aurait-il fallu mobiliser pour assurer la sécurité de l’événement? Le problème, c’est qu’au Québec il est devenu pratiquement impossible de maintenir l’ordre public sans encourir les foudres d’une gauche bien-pensante. Qu’on aime ou pas, le Grand Prix est d’abord et avant tout un événement médiatique. Or, d’un point de vue médiatique, le Grand Prix avait tout à perdre à maintenir à son programme cette journée portes ouvertes. Imaginez la couverture de presse au lendemain d’un événement où les médias n’ont d’autre chose à couvrir que les manifestations étudiantes. Dans cette histoire, c’est la CLASSE qui se fait prendre à son propre jeu. Aujourd’hui, les amateurs de F1 sont furieux. Et je ne suis pas sûr que ces derniers troqueront le bruit des moteurs pour celui… des casseroles. La sympathie à l'égard de la cause étudiante risque fort de s'essouffler, contrairement aux bolides de la F1.